Mon article « La possibilité du vide pour contrer les logiques du désespoir ? » est disponible dans le #6 de la revue Huis Clos, qui peut être commandé ici :
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Texte intégral :
« Le vide est une condition nécessaire et préalable au désir. Le vide primaire veut seulement dire : avant de commencer à se remplir. Et il faut un degré certain de maturité pour que cet état prenne un sens. »
Winnicott, « La crainte de l’effondrement ».
Dans mes textes précédents, j’ai évoqué l’anorexie mentale comme une psychopathologie liée principalement à l’organisation précoce de la personnalité en faux self – concept winnicottien dont la définition est à retrouver ici[1]. Si le faux self trouve sa genèse dans les expériences les plus primaires du nourrisson avec la mère (ou son substitut), il génère, à long terme, ce que j’ai évoqué comme une ignorance douloureuse du soi chez certains patients dont le faux self est si construit et si familier qu’il a rendu indétectable le soi premier, vrai self dont la qualité de spontanéité ne peut jamais être contrefaite. Tous les patients anorexiques font l’expérience de cette frustration d’une absence de contact avec leur vrai self, mais ce problème concerne d’autres sujets, qu’on regrouperait volontiers sous l’appellation des « cas-limites », au-delà de la psychopathologie de l’anorexie mentale.
Mon objet restera néanmoins circonscrit ici aux personnes anorexiques. Le faux self, structurellement frustrant, parce que plaçant le sujet dans une coupure permanente avec lui-même, conditionne à son tour le développement de l’anorexie mentale comme tentative désespérée d’en sortir qui, cruellement, le porte à son extrémité. C’est parce que l’anorexique ne sait pas qui il est qu’il éprouve l’urgence anxieuse de se définir, et de mettre ainsi à la place du vide creusé par son faux self… un hyper faux self dont le seul mérite est d’être, cette fois, rigoureusement contrôlé et choisi. La maigreur est choisie pour l’ensemble des qualités qu’elle condense et symbolise socialement et culturellement, et c’est ce choix, volontariste, qui soulage momentanément un sujet déjà désorienté, déjà pris de toute part dans la souffrance psychique. Le sujet anorexique est celui qui ne peut que tomber malade pour espérer sortir, au terme d’un long parcours de rémission, d’une douleur qui préexiste largement à la maladie.
- L’IMPOSSIBILITE DE FAIRE UNE EXPÉRIENCE SEREINE DU VIDE
Ce qui m’intéresse à présent est justement le problème de la relation au vide au cœur de l’anorexie mentale. Pourquoi le vide creusé par le faux self appelle-t-il, chez le sujet anorexique, une anticipation anxieuse permanente, et une hâte de le combler, fût-ce par quelque chose d’illusoire ? Pourquoi le sujet anorexique doit-il se définir dans l’urgence ? Dans une section de son article sur la « crainte de l’effondrement » consacrée au vide, Winnicott écrit :
« En pratique, la difficulté vient de ce que le patient craint ce que le vide a de terrible, et de ce qu’il s’en défendra par un vide sous contrôle, organisé en ne mangeant pas, ou en n’apprenant pas ; ou encore, il se remplira impitoyablement avec une avidité compulsive qui semble folle. Lorsque le patient peut aller jusqu’au vide même, et supporter cet état grâce à sa dépendance au moi auxiliaire de l’analyste, alors, prendre en soi peut se mettre soudain à être une fonction de plaisir ; manger peut ne pas être une fonction dissociée (ou clivée) faisant partie de la personnalité ; et c’est aussi de cette manière que certains de nos patients qui ne peuvent apprendre apprennent avec plaisir.
Au fondement de tout apprentissage se trouve le vide (cela vaut aussi pour ce qui est de manger). Mais si le vide n’a pas été éprouvé comme tel au début, alors il se transforme en un état à la fois redouté et compulsivement recherché. »[2]
« […] si le vide n’a pas été éprouvé comme tel au début » : cette phrase donne la clef de tout le passage, quoique son sens soit loin d’être explicite. Comme souvent avec Winnicott, il faut déduire d’un ensemble d’analyses présentées ailleurs, absentes du texte actuel, le sens du propos. Que le vide n’ait pas pu être éprouvé comme tel « au début » signifie qu’il n’a pas pu être vécu, dans les premières expériences de l’enfant, comme un état qui précède l’apparition de quelque chose, et, finalement, la satisfaction du besoin et la satiété. C’est dans ce sens que Winnicott peut écrire que « le vide primaire veut seulement dire : avant de commencer à se remplir. »[3]
L’expérience sereine, chez le petit enfant, d’un tel vide, suppose fondamentalement une continuité d’expérience. Pour le nourrisson, la question du vide ne se pose presque pas, puisque dans les premières semaines qui suivent l’accouchement, l’adaptation aux besoins de l’enfant est – lorsque les choses se passent bien – quasi-totale. La mère « normalement dévouée » est si bien identifiée à son bébé qu’il n’y a pas de phase de latence entre le geste qu’esquisse l’enfant, exprimant son besoin, et la réponse qui lui est apportée. C’est cette sollicitude maternelle qui permet à l’enfant de développer « l’illusion d’omnipotence » que j’ai évoquée dans mes articles précédents[4]. Celle-ci consiste dans le fait que l’environnement, avec lequel le bébé fait corps à ce stade – il n’a pas détaché son « self » de la mère ni d’une quelconque réalité extérieure –, répond de manière immédiate à ses besoins. Le bébé a alors l’illusion d’une toute-puissance. Celle-ci doit naturellement et progressivement disparaître à mesure que la mère devient faillible, et, par intermittences, indisponible. C’est seulement lorsque l’enfant a pu solidement développer une illusion d’omnipotence qu’il est à même d’y renoncer dans et par les failles relatives du comportement maternel.
Si la mère a été constante dans ses réponses, l’enfant a acquis une confiance suffisante dans l’idée qu’à ses besoins seront apportées des réponses, quoique des délais s’insèrent à présent dans son expérience. Justement, ces délais génèrent une frustration et une angoisse tolérables, autrement dit une frustration et une angoisse qui peuvent être contenues, et ne menacent pas l’intégrité du self naissant. C’est ainsi que la confiance acquise dans la fiabilité de l’environnement dit « facilitateur » – la mère – rend peu à peu l’enfant capable de différer le moment de la satisfaction. Le vide n’est, à ce titre, que l’état qui précède la satiété. Au contraire, lorsque l’environnement n’a pas été suffisamment régulier dans ses réactions, l’enfant n’a pas acquis la confiance qui lui permet de tolérer le vide, et celui-ci menace alors d’être permanent. Le vide n’est plus un état annonciateur d’une satisfaction ultérieure : il est pur vide, et devient potentiellement mortifère. C’est comme si le bébé devait virtuellement rester à tout jamais captif de ce vide, exsangue et affamé, exposé à la mort.
2. VIDE COMPULSIF ET TENTATION DU RIEN CHEZ L’ANOREXIQUE
Une jeune femme anorexique, patiente de Hilde Bruch, s’exprimait ainsi :
« Le temps c’est comme quelque chose qu’il faut traverser immédiatement. C’est une épaisse forêt et il me faut la traverser. Lorsqu’il y a des espaces libres dans la forêt, je ne sais pas comment les traverser, et j’ai peur, j’ai terriblement peur. Les espaces libres, sans contours précis, me font horriblement peur. Je vis en sorte de n’avoir pas à leur faire face. »[5]
Les espaces libres, qui doivent être entendus comme autant d’espaces vides, dépourvus de délimitations, ne sont horrifiants que dans la mesure où le sujet redoute de ne jamais pouvoir se porter au-delà d’eux. C’est exactement à ce problème que tente de remédier, à la racine, le jeûne anorexique : plutôt que de courir et de s’essouffler mortellement après un aliment qui menace toujours d’être absent, inaccessible, le sujet choisit de ne pas dépendre de l’aliment du tout. André Green a éloquemment décrit cette logique du désespoir :
« Cette tentation du rien est, beaucoup plus que l’agressivité qui n’en est qu’une conséquence, la véritable signification de la pulsion de mort. La carence des soins maternels la favorise ; la crée-t-elle ? […] Puisque rien ne s’est produit du côté de l’objet [la mère], alors il n’arrivera plus rien que cette fuite vers le rien, comme s’il s’agissait d’obtenir l’état de quiétude et de repos qui suit la satisfaction par l’extinction même de tout espoir de satisfaction. C’est là la solution du désespoir quand la lutte est abandonnée. »[6]
Le sujet se défend de la frustration mortifiante que lui a imposée le premier « objet » par le « rien », par « un vide sous contrôle, organisé en ne mangeant pas, […] ; ou encore, il se [remplit] impitoyablement avec une avidité compulsive qui semble folle. »[7] Ce rien doit apporter l’ersatz ou la contrefaçon grotesque de l’état de quiétude qui suit normalement la satiété…
Dans les anorexies dites « mixtes », celles qui sont associées à des crises de boulimie suivies de vomissements, dénommées ainsi par opposition aux anorexies purement « restrictives » (ascétisme et jeûne exclusifs), la crise d’hyperphagie traduit immanquablement la même logique. Se jeter à tout prix, le plus vite possible et sans discrimination d’aliments, sur des quantités gigantesques de nourriture, répond à l’anxiété basale de ne jamais pouvoir manger. Le sujet anorexique se gave par anticipation, dans l’urgence, tant que la nourriture peut être arrachée au mauvais sort. C’est ce qui explique la dimension de compulsion, et la rapidité fulgurante de la crise.
Une personne anorexique avec laquelle j’avais réalisé une série d’entretiens avait ainsi pu me dire qu’au cours de sa guérison, elle avait réussi à se convaincre qu’il n’y avait aucune nécessité réelle de se ruer sur des gâteaux dans une boulangerie, car ceux-ci « ne s’envoleraient pas et seraient toujours là le lendemain ». Aussi absurde que cela puisse paraître, c’est exactement ce changement de disposition d’esprit, qui consiste en apparence seulement à adopter une attitude rationnelle – contre la croyance magique ou superstitieuse que les aliments vont disparaître à tout jamais sous l’effet d’une volonté sadique extérieure au sujet, qui s’acharnerait contre lui –, qui est au cœur de la rémission. Pour une personne anorexique, de la même manière que le vide peut ne jamais finir, la douleur de la faim peut n’avoir pas de terme, et les aliments peuvent s’envoler. Toutes ces formulations ne sont que des variantes du même thème et du conditionnement que Winnicott a conceptualisé et situé aux premiers stades de l’existence.
Il faut aller plus loin : ce comportement déréglé, cette recherche et cette organisation compulsives d’un vide sous contrôle (les crises de boulimie étant systématiquement suivies d’évidements violents par vomissements et prises de laxatifs), sont corrélés à une impossibilité, non pas seulement de manger et d’atteindre la satiété, mais, écrit Winnicott, d’apprendre. Car pour apprendre, autrement dit pour se laisser pénétrer par un savoir – une forme d’altérité –, et pour, dans un deuxième temps, métaboliser ce savoir, il faut, au départ, supporter le vide. C’est le vide, c’est encore l’absence de l’objet, qui appellent la connaissance, ou l’idée de l’objet. Ce n’est que dans l’absence de l’objet qu’une représentation mentale de celui-ci peut advenir. Si le vide, écrit Winnicott dans la phrase que j’ai mise en exergue, « est une condition nécessaire et préalable au désir », il est aussi la condition première de la pensée.
Les sujets anorexiques, souvent remarqués pour leur perfectionnisme et leurs aptitudes académiques élevées, ont paradoxalement une difficulté immense à développer une pensée qui leur soit propre, et à dépasser le rapport scolaire au savoir. Cela revient d’ailleurs à la difficulté symétrique à dépasser l’injonction parentale de réussite qui leur est lourdement adressée. L’apprentissage par cœur, compulsif, de ces élèves-modèles, est mimétique de la crise boulimique qui n’a d’autre fin que d’expulser un savoir de toute manière inassimilable. Cet écueil ne traduit ni absence de curiosité ni absence de capacités absolues : il n’est relatif qu’à la plus ou moins grande difficulté qu’a le sujet de se laisser habiter par le vide, sans quoi il lui est également impossible de recueillir en lui-même et de faire sien un élément de connaissance étranger.
Sans le vide, impossible de laisser venir à soi quoi que ce soit. Impossible de faire place à ce qui n’est pas déjà connu.
3. L’EXPÉRIENCE D’UN VIDE RELATIF
Dans la cure analytique, cela correspond finalement à une difficulté technique spécifique qu’André Green a articulée dans sa magistrale étude de la Folie privée, ou psychanalyse des cas-limites[8] :
« Dans mon expérience, les retours en arrière […], les effondrements périodiques après des progrès sensibles témoignent d’un besoin de maintenir à tout prix une relation avec un mauvais objet interne. Lorsque le mauvais objet perd son pouvoir, il semble n’exister d’autre solution que de le faire réapparaître […] sous la forme d’un autre mauvais objet, qui ressemble comme un frère au précédent […]. Il s’agit moins de l’indestructibilité du mauvais objet ou du désir de s’en assurer le contrôle par ce moyen que de la crainte que sa disparition ne laisse le sujet devant l’horreur du vide sans que le temps ne pourvoie jamais à son remplacement par un bon objet pourtant disponible. »[9]
Il en va ici de sujets qui, terrifiés à l’idée du vide, préfèrent maintenir structurellement la relation qu’ils ont à un mauvais objet interne, même lorsque la cure analytique leur a permis de s’en détacher. La raison en est qu’ils n’ont pas d’autres repères relationnels et que l’état de transition entre l’ancien conditionnement et la possibilité d’une expérience inter et intrasubjective nouvelle se traduit par un vide intolérable. Ce vide transitoire est, au demeurant, caractéristique de nombreux progrès dans la cure analytique. Les patients s’attacheront alors à recréer le mauvais objet – c’est-à-dire à le retrouver dans l’expérience et à le répliquer à nouveau sous une forme internalisée – pour ne pas vivre dans l’angoisse morbide qu’au vide ne succède jamais rien. La répétition de la mauvaise expérience, avec ses repères relationnels familiers et ses biais de confirmation, vaut mieux que l’absence qui n’est comprise, par ces patients, que comme danger d’absence radicale, d’absence pour toujours.
Comment, alors, permettre à ces patients d’échapper au pire, c’est-à-dire à la réaction désespérée à la répétition de la relation au mauvais objet interne qui finit par être vécue sur le mode de la fatalité : « l’aspiration au non-être, dans l’expression d’une auto-suffisance idéale qui se réduit progressivement jusqu’à l’anéantissement »[10] ? Comment contrer cette logique du désespoir ? Deux pistes apparaissent à mes yeux.
- La première est qu’une telle recherche « d’auto-suffisance idéale », sorte de quête d’autarcie au cœur de toute anorexie mentale, doit être peu à peu remaniée en acquisition progressive d’une autre compétence, à l’aide du « moi auxiliaire » du psychanalyste-mère : pas celle d’être auto-suffisant, mais celle d’être seul, au sens de Winnicott. La capacité d’être seul[11] n’exclut pas la relation à l’autre : elle s’y origine, et la conditionne à son tour.
- Deuxièmement, la cure doit permettre à apprendre aux patients « l’investissement positif de l’espace vide »[12]. Ceci consiste principalement dans le fait de leur donner, à même la cure, l’expérience d’une absence qui soit une potentialité de présence, exactement comme le vide pour le petit enfant était idéalement vécu comme une potentialité de réponse (et de satiété). Certains silences de l’analyste, certains échos que ses paroles apportent à celles du patient – sans être encore positivement des interprétations –, sont autant de formes d’absence relative (et de virtualités de présence) que la continuité du cadre analytique donne au patient de vivre sereinement.
André Green l’écrit : « ce n’est pas seulement en termes d’espace qu’il faut formuler les choses. Le désinvestissement radical [qui menace ces patients] affecte aussi le temps par une capacité à suspendre l’expérience (bien au-delà du refoulement) et à créer des ‘temps morts’ où aucune symbolisation ne peut avoir lieu »[13]. Joyce McDougall décrivait pareillement le cas d’une patiente qui, suivant ses séances, faisait des crises de boulimie, court-circuitant par-là toute possibilité d’effet de la cure, toute possibilité de « symbolisation ». C’est contre cet évidement compulsif que le psychanalyste a vocation à créer « un espace qui ne sera ni celui du vide ni celui du trop-plein, un espace aéré. Un tel espace n’est ni celui du ‘ça ne veut rien dire’, ni celui du ‘ça veut dire cela’, mais celui du ‘ça pourrait vouloir dire cela’. »[14] En ce sens, la technique interprétative (cette fois positive, au-delà du simple écho aux paroles du patient) ne mimera ni le mauvais objet harcelant (trop-plein), qu’il faut désinvestir radicalement pour atteindre le repos mortifère du « rien », ni l’objet idéalisé inaccessible (vide intolérable qui menace d’être définitif). L’espace aéré d’André Green est un vide relatif, compris comme potentialité de sens.
Faut-il le redire, le sujet anorexique, au cœur même de sa maladie, s’efforce déjà vers la santé, pour peu qu’on l’aide à trouver, par-delà leurs travestissements pathologiques, les éléments constitutifs du psychisme sain dont il a l’intuition et dont il est comme l’envers :
- Sortie du faux self (contre l’hyper faux self);
- Recherche de la capacité d’être seul (contre le fantasme autarcique) ;
- Création d’espaces et de temps vides féconds (contre la morbidité du rien du désespoir).
[1] Margaux Merand, « De la défense à l’effondrement dépressif : coûts et gains du travail analytique », Revue Huis Clos, Numéro #5, mai 2024. Voir aussi : Margaux Merand, « L’anorexie mentale comme radicalisation du faux soi ? », Revue Huis Clos, Numéro #4, février 2024.
[2] D. W. Winnicott, « La crainte de l’effondrement », La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques, Gallimard, Paris, 2000 [1989].
[3] Ibid.
[4] Se référer aux articles de la note 1.
[5] Hilde Bruch, L’énigme de l’anorexie, Presses Universitaires de France, Coll. Perspectives critiques, Paris, 1979.
[6] André Green, La folie privée, Psychanalyse des cas-limites, II, « L’analyste, la symbolisation et l’absence dans le cadre analytique », Gallimard, Paris, 1990.
[7] D. W. Winnicott, « La crainte de l’effondrement, op.cit.
[8] André Green, La folie privée, op.cit.
[9] Ibid. Je souligne.
[10] Ibid.
[11] D. W. Winnicott, La capacité d’être seul, Payot, Paris, 1989.
[12] André Green, La folie privée, op.cit.
[13] Ibid.
[14] Ibid. Je souligne.
Photographie (p.6 de l’article) ©Max Goldminc ; détail du Kriegsministerium, Stubenring, Vienne, 2024.

