Dualité de la révolte

Chers amis chercheurs, lecteurs…

La première séance du séminaire “Les gestes de la révolte” est déjà disponible en replay ici :

Assurée par Benjamin Lévy, elle présentait conceptuellement les différentes polarités qui caractérisent la révolte, dans ses manifestations comme dans sa réception.

Benjamin Lévy a évoqué certaines formes de révoltes “involuées” où la pulsion de mort est à l’œuvre. Ainsi en va-t-il à mon sens de la révolte anorexique, une forme de subversion par soustraction radicale de soi-même à tout ordre social, à toute autorité (familiale, religieuse, médicale…). Ultimement, cette soustraction correspond à la mort, la disparition, quoique la disparition anorexique soit, en un sens, très remarquée. Cela semble décrire adéquatement jusqu’aux cas des “saintes anorexiques” médiévales, qui se soustrayaient à l’autorité même des prêtres pour n’être plus que dans une relation directe, non médiée, et quasi fusionnelle, au Christ. N’était-ce pas aussi le cas de Simone Weil, dernier avatar de cette anorexie mystique, refusant l’autorité sacramentelle ?

Ce qui m’intéresse plus fortement néanmoins et qui sera l’objet de mes prochaines publications comme de mon intervention dans le séminaire, à la suite de celle du Pr et psychiatre Maurice Corcos, sera le cas des révoltes anorexiques débouchant, non sur la mort (révolte par refus absolu et désolidarisation totale de l’existence humaine), mais sur une forme d’existence aliénée virtuellement porteuse d’une possibilité et d’un désir de rémission. L’aliénation à son paroxysme n’appelle-t-elle pas la guérison ?

J’évoquerai la forme particulière d’existence aliénée au cœur de la psychopathologie de l’anorexie mentale, dans la continuité de mes travaux passés, en la rapportant spécifiquement à une altération de l’intégration du temps voire à une dé-temporalisation des phénomènes et des affects (dans la droite ligne des pensées de Binswanger & Joseph Gabel).

À très vite !

Egon Schiele, Frau mit schwarzem Haar, 1914.

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